Don Leavy
Difficulté **
Profondeur *
Originalité ***
Emotions *
​
Vendu à plus de 50 millions d’exemplaires, en profitant notamment de la censure initiale lors de sa publication, le livre est franchement misogyne et l’humour peu évident. Ce roman autobiographique commence sur les terres irlandaises de Joyce et stigmatise leur rapport mortifère à la sexualité.
La narration intérieure produite par un esprit enfiévré et agité génère des phrases courtes parfois dénuées de construction. Les dialogues pathétiques ou brutaux avec les femmes alternent avec des échanges masculins enlevés et énergiques.
On retrouve d’ailleurs le rythme survolté et dément de « sur la route », notamment dans la seconde partie plus masculine à Londres. La fin du livre est en effet meilleure : plus drôle, plus vive et moins pleurnicheuse.
La similitude avec « Tropique du cancer » est frappante : même antihéros insupportable et obsédé, mêmes personnages secondaires théoriquement hauts en couleurs mais en réalité à peine esquissés, femmes victimes, mêmes problèmes d’argent permanents. Il manque cependant la noirceur et la poésie de Miller dans ce roman cynique pour prétendre au statut célinien de ce dernier.
« L’homme de gingembre » fait partie de ces œuvres surcotées car provocatrices. Il est difficile d’en justifier les thématiques égotiques en l’absence totale de référence littéraire ou de réflexion aboutie. Décadent et acide.