Un tramway nommé désir
Williams
Difficulté **
Profondeur **
Originalité ***
Emotions ****
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Dramaturge récompensé et adapté, Tenessee Williams reçut le prix Pulitzer pour « Un tramway nommé désir ». La violence psychologique et la modernité du cadre font de la pièce une œuvre fondatrice du théâtre contemporain.
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Le style de Williams parvient, au moins dans sa langue, à rendre l’atmosphère poisseuse et musicale de la Nouvelle Orléans, bien mieux que certains metteurs en scène de la pièce… Celle-ci est compliquée par l’absence d’unité de temps chère aux classiques, et demande au lecteur de remplir lui-même les ellipses, avant d’imaginer l’avenir des personnages.
L’histoire confronte les deux Amériques : celle d’un Sud autrefois puissant et respecté et celle des immigrés plus récents et plus rugueux. Mais il s’agit avant tout d’une œuvre sur la folie et la violence dans la lignée de Tchekhov.
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Erotisée dans l’inconscient collectif par la figure de Brando, la pièce est en effet un drame dont la sexualité brute est dénuée de tout romantisme. Le titre, un site de la ville, évoque ainsi la passion, mais surtout une force brute inarrêtable.
Les personnages sont dévorés par l’histoire et les êtres bienveillants (Mitch, Stella) sont impuissants, comme dans une tragédie grecque. La malignité de Stanley, devenue évidente, servira à Williams de fatalité collective.
Une pièce forte, sombre, moderne et dérangeante.